2 Mai 2018
Lycéenne, j’étais comme beaucoup de mes camarades centrée sur moi-même avec des préoccupations relationnelles que ce soit avec les autres élèves (souvent moqueuses) ou certains professeurs (pas assez calme… ) ou de recherche de meilleures notes. J’aimais la musique classique, mais aussi les Beatles, Joan Baez, Pink Floyd… pas trop les chanteurs et chanteuses que fredonnaient les copines de la classe.
Comme il n’y avait plus cours, les journées passaient à écouter de la musique, à chanter, à fumer… on occupait le parc de Saint-Germain en Laye, un bel espace. On se retrouvait souvent dans un petit café où on jouait aux cartes et j’allais régulièrement au Cinéclub, on y passait des vieux films qui me plaisaient.
Je ne m’intéressais guère à l’actualité, bien que mes parents étaient impliqués dans et par les grèves. Jusqu’au jour où une des séances du Cinéclub a tout chamboulé. Ce jour-là, ce n’était pas un film, mais un documentaire sur la guerre du Vietnam, ce fut une gifle comme celle qui nous sort d’un évanouissement. J’ai quitté la salle bouleversée par les images et les atrocités dévoilées avec la honte de mon ignorance…
Alors, j’ai questionné, lu, recherché, j’ai appris qu’il y avait eu des manifestations contre la guerre du Vietnam à Paris et dans le monde. Cette recherche pour comprendre cette horreur m’a ouvert les yeux sur la société et je n’ai plus regardé l’actualité de la même façon.
Plus tard, j’ai rejoint le Front de solidarité Indochine, puis la Ligue communiste… ce fut un court engagement militant, car très déçue par les comportements de mes camarades à la fac de Nanterre.
Depuis, ma sensibilité et mon engagement politiques ont continué – avec des hauts et des bas –, mais j’ai toujours refusé de m’encarter, préférant m’associer aux mouvements quand ils me semblent justifiés. Ce que je continue 50 ans après…
Printemps 1968 et 2018, deux périodes différentes, mais qui comptent pour la jeunesse. Des temps forts qui permettent à beaucoup de se questionner sur le monde, de constater les injustices et de vouloir les comprendre, de rêver une autre société et d’autres rapports humains, de prendre conscience du pouvoir d’un collectif, etc. Les adultes qu’ils seront s’en souviendront plus ou moins, mais il en restera toujours quelque chose.