27 Décembre 2019
Depuis quelques jours, on évoque dans les médias les démissions d’enseignants stagiaires.
Pour certains quand ils découvrent la réalité, ce serait la désillusion, voire un choc. En effet, sans formation professionnelle avec juste leur expérience d'élève – pas trop mauvaise (diplômes études universitaires) –, ils se retrouvent le plus souvent dans des écoles en zone d’éducation prioritaire et ils doivent en même temps valider leur année de formation et réaliser des travaux de recherche. De plus, ils n’ont guère l’espoir d’obtenir un poste fixe…
Les démissions d’enseignants plus expérimentés existent également. Différentes raisons qui parfois se cumulent : ils souhaitent changer de métier, ils ne supportent plus les élèves, ni leur hiérarchie, ils ne croient plus aux possibilités du mouvement pour changer d’école, ils n’arrivent pas à changer d’académie…
Mais également beaucoup d’enseignants continuent et défendent une vision de l’éducation, un projet pour l’enfance, une espérance d’une autre société plus solidaire et plus fraternelle. Pour ce faire, la pédagogie mise en œuvre sera coopérative, non compétitive et non discriminante. Ce n’est donc pas n’importe laquelle qu’il faut choisir !
Pour ma part, après de nombreuses démissions dans différents emplois, je suis entrée dans l’Éducation nationale. J’ai eu la chance de découvrir la pédagogie Freinet et... je suis restée enseignante. Plus de démissions pour moi !
Alors ne lâchez pas, pour vous, pour l’enfant d’aujourd’hui et pour l’adulte de demain.
Pour donner envie, pour aider j’ai écrit un petit ouvrage : Entrer en pédagogie Freinet aux Éditions Libertalia (10 euros).
Les premiers pas présentés pour enseigner y sont bien sûr personnels. Un autre enseignant aurait sans doute emprunté des pistes différentes.
Ma vision de l’enfant, de l’adulte qu’il deviendra et de la société dans laquelle je souhaite qu’il vive, a guidé mon cheminement tout au long de ma vie d’enseignante. Une recherche permanente – et passionnante – pour articuler utopie et réalité. Chaque rentrée scolaire a été une nouvelles « entrée » en pédagogie Freinet, mais enrichies des années précédentes, une histoire sans fin…
L’utopie est essentielle pour semer les graines d’une autre société, mais la réalité que nous vivons au quotidien dans la classe, dans l’établissement l’est tout autant. Le temps de l’enfance est précieux, il n’a pas à être sacrifié et six heures pour un enfant c’est très long… Ce qu’il a vécu, subi, aimé, pleuré, appris, pensé… contribue à façonner l’adulte de demain qui réfléchira et agira – ou pas – sur la société.
Pour moi, les principes indispensables de l’école sont la confiance, la considération, la reconnaissance, le désir, le plaisir, l’épanouissement personnel, la coopération, l’écoute, le dialogue, la valorisation… La pédagogie Freinet peut alors vivre tranquillement.
En attendant que l’Éducation reprenne ces principes, chacun de nous peut les faire vivre dans sa classe.
Plus la terre sera riche et respectée, plus les graines pédagogiques Freinet pourront se développer : l’expression, la communication, la création, la méthode naturelle, le tâtonnement expérimental, la recherche documentaire…
Si vous doutez, après une remarque de collègues, de parents, regardez les enfants : un regard qui pétille lors d’une recherche, une expression de fierté après une présentation d’une œuvre, une main qui se tend pour aider un camarade, la première prise de parole d’un enfant qui n’osait pas…
Et bonne année 2020 en pédagogie Freinet !