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5 Mai 2022
Depuis quatre milliards d'année, je poursuis ma route dans l’univers croisant des milliers d’étoiles, me réjouissant des explosions solaires… certes, je m'effraie de temps en temps d’une comète qui m’approche de trop près, mais depuis quelques années, j’ai peur pour mon avenir.
Sur ma surface, tout se dérègle, je ne me reconnais plus.
Les océans qui faisaient ma fierté se couvrent de déchets, se réchauffent, détruisent petit à petit le monde vivant qui y habite et ils ne peuvent plus assumer l’équilibre entre l’oxygène et l’oxyde de carbone.
Les plastiques sont partout et étouffent le monde animal et végétal qui y vit.
Les coraux dont j’admirais la couleur blanchissent, se fragilisent et peuvent mourir.
L’atmosphère qui me protège est envahie de produits toxiques et se dérègle avec des températures inédites.
Impuissante, je suis malmenée par des tempêtes, des cyclones qui inondent et détruisent des terres pendant que d’autres connaissent la sècheresse et voient fuir leurs habitants.
Les immenses forêts qui apportent l’oxygène indispensable à la vie se réduisent partout pour assouvir l'industrie qu'elle soit agricole ou minière.
Fière des milliers d’espèces vivantes que je porte, j’assiste avec désespoir à leur disparition en chaîne. En effet, selon les travaux des Nations Unies, je vais connaître la sixième extinction de masse, un million d'espèces sont menacées dont beaucoup dans les prochaines décennies. Les insectes sont les premiers, 41 % pourraient disparaître. Un phénomène qui m’inquiète beaucoup.
Où que je porte mon regard, je ne vois plus que des constructions humaines. Ce ne sont pas le village, le sentier, le potager, le petit champ de blé… qui me perturbent. Ce sont les villes gigantesques et ses artères routières qui empoisonnent et asphyxient, ce sont les zones industrielles et commerciales qui détruisent arbres et sols, ce sont les champs à perte de vue qui remplacent la végétation et exterminent son monde vivant, ce sont des zones touristiques qui piétinent le littoral et les massifs montagneux, ce sont les milliers de navires et d’avions qui sillonnent les mers et le ciel…
Et quand je pose mon regard sur les humains, je pleure quand je vois des hommes, des femmes et des enfants mourir de faim, quand je suis ceux et celles qui fuient dans le désert et sur les mers la monstruosité de leurs semblables.
Je souffre quand je vois des armées détruire des villes entières pour enrichir davantage les dirigeants de leur pays, je rage quand je vois des êtres humains tuer pour une idéologie, pour une religion.
Devant toutes les inégalités économiques, politiques, géographiques, j’observe l’attitude des êtres humains qui vivent dans de bonnes conditions, je ne comprends pas leur détachement, leur insensibilité, leur indifférence, voire leur mépris envers les pauvres, les SDF, les migrants… qu’ils soient adultes ou enfants.
Je suis découragée, quand des pays développés consomment toutes les ressources que je peux produire et de plus en plus tôt dans l’année.
Je suis inquiète, car je sais que plus je me dérèglerai, plus il y aura des humains en migration. Si l’individualisme et les peurs des nantis perdurent envers l’autre, l’étranger, je redoute les massacres humains à venir, les guerres, les camps, les exterminations…
Je suis triste en voyant les pandémies s'abattre sur les humains, après la grippe espagnole, la grippe de Hong Kong, le coronavirus envahit les pays et révèle les inégalités d'accès aux vaccins et aux soins médicaux.
Mais je crains surtout que les humains se détruisent avec leurs armes chimiques et nucléaires avant que je ne sois totalement défigurée.
J'espère alors que les survivants humains, animaux et végétaux m’aideront à me reconstruire. Je pourrai ainsi continuer d’être une petite planète bleue et ne pas devenir une planète rouge.