25 Juin 2017
Le 4 janvier 2016
La peur une arme politique qui engendre des comportements attendus lorsqu'elle est maniée avec dessein. Ce que fait le gouvernement depuis les attentats... il tire sur les fils des marionnettes citoyennes.
La peur, ça s’entretient, elle permet au gouvernement de démontrer la nécessité de l’État d’urgence et de motiver son inscription dans la Constitution ainsi que l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux.
Le premier ministre est sur le ring tous les jours, il rappelle sans cesse qu’il est en guerre, que la France est en guerre.
Les médias nous abreuvent d’infos sur des projets d’attentats, sur des perquisitions et même si rien n’est trouvé… le message passe : ce sont des attentats terroristes évités. L’origine, le nom des suspects renforcent la défiance envers une partie de la population française : les musulmans. Ce qui s’est passé en Corse, la violence raciste risque de se retrouver dans d’autres villages, d’autres quartiers…
Les rassemblements festifs sont montrés du doigt et annoncés sous hautes surveillances avec des focales particulières sur les interdictions – pourtant annuelles – en Alsace des pétards et les résultats des sondages sur la baisse de fréquentation des lieux de spectacle.
Le président dans ses voeux pour 2016 a rappelé avec un ton grave l'imminence du terrorisme et son devoir de protéger les citoyens.
Si les votes du Parlement réuni en Congrès ne sont pas majoritaires – les trois cinquièmes des suffrages exprimés – pour changer la Constitution, le terreau populaire sera prêt pour le succès d’un référendum si besoin. Le dernier sondage – un échantillon de 1072 personnes qui penseraient à notre place – confirme que 80 % des questionnés sont pour la déchéance de nationalité.
Les dangers à long terme de la constitutionnalisation de l’État d’urgence ne concernent pas le président de la République. Tout ce qui compte pour lui, c’est de pourrir la campagne des partis de la droite traditionnelle pour qu’ils ne soient pas au second tour des présidentielles de 2017 et de briguer un second quinquennat.
Mais si on entretient la peur du citoyen électeur, on n’oublie pas le citoyen consommateur. Après les informations créatrices de peur, les reportages sur les boutiques de luxe, les restaurants à ne pas manquer, les bons produits, les bonnes recettes, les bons plans de sortie se succèdent. Sans oublier l’info en boucle sur la douceur du mois de décembre qui empêche les touristes des stations de montagne de skier, la neige « artificielle » ne suffisant pas… Les bonnes résolutions de la COP 21 sont vite oubliées, des quantités énormes d’eau sont transformées en neige, qu’importent les dérèglements provoqués sur l’environnement.
Tout est fait pour que les spectateurs de ces informations n’ayant pas les moyens de consommer de tels produits, de fréquenter de tels restaurants, de partir au sport d’hiver… croient qu’ils sont une exception alors qu’ils représentent la majorité de la population. Qu’importe ! Le principal est que ces déboutés du luxe consomment, ils iront dans les grandes surfaces. Les grandes enseignes sont ouvertes même le dimanche !
Les personnes vivant dans la rue, les associations caritatives débordées sont des sujets guère traités. Les bidonvilles n’apparaissent jamais à part ceux de la « jungle » de Calais… faut dire que la France est montrée du doigt en Europe. Les réfugiés ne doivent pas faire pitié, ils doivent faire peur, être considérés comme un danger pour la population. L’humanité exprimée après la photo du petit Aylan sur la plage est oubliée… Les naufrages et les drames humains ne sont plus médiatisés, seuls les chiffres des demandeurs d’asile aux frontières européennes sont signalés, ce qui entretient l’idée d’invasion et empêche toute compréhension et compassion humaines.
Certains diront, fais comme moi n’ouvre pas la télé, ne lis pas les journaux, n’écoute pas les infos… mais je continue de penser que d’ignorer ce qui « nourrit » nos concitoyens est une erreur.
Comprendre ainsi ce qu’ils sont pour ne pas rejeter, mépriser, voire haïr…