Education, droits de l'enfant, écologie, société...
11 Février 2025
Le 27 janvier 2025 sur le plateau de LCI, François Bayrou déclare : « que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion ». « Mais dès l’instant que vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, dès cet instant-là vous avez rejet », a-t-il ajouté, en estimant « qu’on approche » de ce seuil. Des propos qui indignent la gauche et d'autres... !
Le 7 février 2025, les ministres de l’Intérieur et de la Justice souhaitent une réforme de la Constitution pour restreindre le droit du sol. Une remise en cause qui indigne également !
Le 12 février 2025, le pape François réprimande l'administration Trump au sujet de son projet de déportation massive de migrants.
Quelques définitions utiles :
- Droit du sang : l'enfant est né en France ou à l'étranger et un au moins des parents est Français.
- Droit du sol : l'enfant est né en France de deux parents apatrides ou l'enfant est né en France et un au moins des parents y est lui-même né (double droit du sol).
- Obtenir la nationalité française : pour les mineurs, ils peuvent obtenir la nationalité française, entre ses entre 13 et 16 ans, si ses parents en font la demande. A partir de 16 ans, le mineur fait lui-même la demande. Mais doit là, encore répondre à des conditions de résidence avoir sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins 5 ans, depuis l’âge de 11 ans.
Les enfants nés d'au moins un parent français et ceux qui bénéficient du double droit du sol se voient attribuer la nationalité française à la naissance. Les autres personnes peuvent acquérir cette nationalité au terme d'une démarche volontaire.
Et dans les textes :
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789
Vous devez remplir les conditions suivantes : Avoir 16 ans ou 17 ans. Être né en France. Avoir eu votre résidence habituelle. Lieu où la personne réside le plus longtemps durant l'année en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins 5 ans depuis l'âge de 11 ans.
Déclaration universelle des droits de l'homme
Article 13
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Convention Internationale des Droits de l’Enfant
Article 7
L'enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit
d'acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et
d'être élevé par eux.
Les Français seraient en majorité pour une réduction de l'immigration. Mais n'oublient-ils pas, alors, leur histoire et celle de leur pays ?
Ils sont tous des enfants, des petits-enfants... de migrants
Depuis le début de l'humanité, les humains ont migré pour s'adapter aux changements climatiques, se nourrir, pour fuir les persécutions, les invasions, les guerres, les crises économiques... Plus récemment quitter son village, son département, sa région, pour trouver du travail, construire une nouvelle vie. Avant nous, il y a eu nos parents, nos grands-parents... nous sommes tous des descendants de migrants.
Ne pas oublier notre histoire pour regarder ces hommes, ces femmes, ces enfants comme des humains tout simplement.
Aujourd'hui, les conflits armés, les crises politiques, la misère économique, les dérèglements climatiques poussent des millions d'hommes, de femmes et d'enfants à fuir leur pays.
Dans le monde, ainsi plus de 68,5 millions de femmes, d’hommes et d’enfants quittent leur habitat, leur terre, leur famille. La grande majorité de ces migrants se retrouvent dans les pays les plus pauvres, pour ceux qui arriveront dans les pays les plus riches, moins de 10 % d'entre eux seront reconnus comme réfugiés.
Migrant ou réfugié ?
« Migrant » est le mot le plus courant, mais il provoque des lectures différentes. Certaines dissocient les migrants « économiques » des migrants « politiques » obligés de se déplacer. Certaines politiques utilisent cette séparation pour proposer des lois inhumaines et protectionnistes.
Pour beaucoup d’organisations, seuls les demandeurs d’asile ayant eu une réponse positive peuvent être déclarés réfugiés.
Peu de demandeurs d’asile ont une réponse positive (à peine le tiers), les migrants déboutés, ceux qui n’ont pas entamé de démarche (faute d’aide, par crainte…), ceux qui veulent rejoindre un autre pays vivent clandestinement en espérant ne pas être expulsés.
Mais avant d’être demandeurs d’asile, il faut déjà arriver dans le pays !
Beaucoup périssent en mer, dans les embarcations surchargées, d’autres ne survivent pas au froid et à la neige dans les cols frontaliers. Les pays européens ne sont pas tous accueillants !
Ces migrations vont se développer dans les prochaines années, il est temps que les pays développés ouvrent les yeux et leurs frontières et rendent les procédures d'accueil justes et accessibles en respectant la dignité de chaque être humain.
Et réfléchissons !
Aujourd’hui, ce sont surtout les populations des pays en voie de développement et ceux qui sont soumis aux extrémistes religieux qui migrent.
Et demain ?
Ce seront peut-être les populations des pays développés qui migreront pour fuir les terres inondées par l’élévation du niveau des océans ou ravagées par les incendies ou désertifiées.
Écrit en 1951, à relire ce poème de Jacques Prévert :
Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays loin
cobayes des colonies
Doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manœuvres désœuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou bien du Finistère
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez.