17 Novembre 2015
Après le choc, l’horreur de ces attentats, la tristesse, les larmes ont envahi chacun de nous. Impossible de penser à autre chose, voire de penser tout court.
Quelques jours après, les images sont toujours présentes, mais les annonces, les attitudes, les petites phrases assassines de certains politiques, heurtent, indignent et poussent à l’expression. Alors je jette ces quelques mots.
Ce qui a été visé vendredi soir, c’est un quartier qui symbolise les Lumières et les connaissances.
Ce qui a été visé, c’est une façon de vivre, d’être et de comprendre le monde.
Ce qui a été visé, c’est la diversité de la France, en pointant une partie de sa population comme responsable de ces attentats et en stigmatisant une religion.
Ce qui a été visé vendredi soir, c’est la liberté de se retrouver ensemble, de rire, de boire, de chanter, d’être insouciant, de refaire le monde ou tout simplement de l’oublier.
Ce qui a été visé vendredi soir, c’est bien sûr de nous terroriser.
Alors, ne cédons pas à la peur, refusons le repli sur soi et ses suites inévitables : la méfiance, la suspicion, le rejet qui deviendront xénophobie et racisme. Ces œillères qui masquent l’humain chez notre voisin qui ne nous ressemble plus.
Et pourtant... Monsieur Hollande
- en prolongeant l’état d’urgence, vous encouragez les postures de rejet, de haine ;
- en réprimant les rassemblements, vous enfermez les Français dans leur peur ;
- en scandant le mot « guerre » dans vos discours, vous méprisez les atouts de la démocratie ;
- en appelant à rendre coup pour coup, vous préférez la loi du Talion aux principes de la République ;
- en décidant d’être un chef de guerre, vous refusez d’être un artisan de la Paix.
Sans doute que vous et votre gouvernement, vous ne connaissez de la France que ceux qui vous ressemblent.
Certes… vous connaissez
- ceux qui habitent les « quartiers » quand il faut les surveiller et les punir ;
- ceux qui travaillent quand il faut édicter des lois pour les rendre « productifs » ;
- ceux qui étudient quand il faut capter les élites ;
- les enfants de France quand ils ont des papiers.
Les principes de la République « Liberté, Égalité, Fraternité » sont écrits sur les frontons des écoles et des mairies, mais :
- vos villes ignorent la mixité sociale, leurs centres-villes tournent le dos aux quartiers périphériques ;
- vos rues sont devenues le seul domicile d’hommes, de femmes et d’enfants ;
- vos écoles sont joliment multicolores en maternelle et tristement unicolores en lycée professionnel ;
- vos hôpitaux ne suffisent plus à accueillir les familles qui ne peuvent pas se soigner ;
- vos policiers contrôlent toujours les mêmes personnes ;
- votre jeunesse est sans avenir, surtout celle qui n’a pas reçu le bon numéro pour tenter « l’égalité des chances » à l’école.
Monsieur Hollande, vous imposez le sécuritaire, l’austérité, la surveillance et l’enfermement, un régime qui compromet l’avenir de la démocratie.
Moi, et je ne suis pas seule, je choisis la fraternité, la solidarité, l’empathie, la confiance, la liberté… le sourire, le regard humain, la main tendue, l’écoute, la compréhension. Tout ce que je lis dans la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » inscrite aux frontons de nos bâtiments publics.