27 Juillet 2017
Une écoute bien sûr personnelle et intéressée d’une expression du ministre que j’ai trouvée sereine et confiante... pas de questions gênantes non plus.
Tout reste cohérent avec la liberté au cœur de son discours, mais pour qui ?
Une liberté différenciée selon les territoires, les familles, les enseignants, les enfants…
Pour moi, une certitude : l’égalité et la liberté seront contenues dans l’entre-soi.
Ce que j’en ai retenu.
Il a rappelé son fil directeur
L’Éducation mène à la liberté, a plus d’émancipation. La liberté est en mode croissant tout au long de l’enfance.
Là, on a l’impression agréable de référence à l’Éducation nouvelle… une impression de courte durée, car il précise aussitôt qu’il est indispensable au primaire d’utiliser des méthodes rigoureuses… on tend l’oreille du plus simple au plus complexe comme le confirment les experts en sciences cognitives.
Il faut constituer un socle de mémoire, exemple : les tables de multiplication.
Et pour nous rassurer… sans oublier le sens. C’est le déploiement progressif de la liberté !
L’effort s’articule avec le plaisir. Là on est d’accord.
Interrogé sur la continuité des réformes d’un quinquennat à l’autre, il répond que les modifications pour l’Éducation nationale sont sur deux temps : à court terme comme ses mesures pour les rentrées 2017 et 2018 (pour les retrouver lire l’audition du ministre par le Sénat : http://www.catchabrun.com/2017/06/jean-michel-blanquer-auditionne-au-senat.html ) et à long terme comme celle sur le professorat avec la formation initiale et continue.
Ne sont pas évoqués les programmes, mais ce qu’il en pense sera abordé dans les autres questions.
Sont évoqués ensuite les liens de l’École avec les familles.
La coopération est essentielle, mais ce n’est pas un point fort depuis longtemps. Il rappelle la réussite de son dispositif « La mallette des parents » qu’il souhaite développer.
Avec comme objectifs : faire comprendre les grands enjeux de la maternelle, une école du langage, du vocabulaire pour compenser les différences et les inégalités (je pense à Bentolila). Et pour rassurer les auditeurs ou devancer les critiques : sans oublier les éléments d’épanouissement et de créativité… cela existe déjà, mais on peut faire mieux !
Le ministre est invité à parler de la méthode Montessori qui l’inspirerait.
Fervent de la créativité, il souhaite en prendre les principes, revisiter l’esprit, la faire évoluer… Pour lui, c’est une démarche importante. Elle pourrait inspirer l’école publique, comme : les manipulations, les parcours très personnalisés, les classes multi-âges, le compagnonnage, l’esprit de liberté canalisé…
Il reconnaît que des enseignants mettent déjà en œuvre ces principes, une bonne direction vers la réussite de l’enfant. Mais il ne parle pas des autres courants pédagogiques qui les portent.
Il rappelle l’expérience qu’il a soutenue en milieu défavorisé et qui a remporté un franc succès, sans nommer l’actrice principale et ses soutiens idéologiques (fondations diverses, Institut Montaigne…)
Sa vision sur les écrans ?
Pour lui, une question incontournable de notre temps : il faut articuler la technologie et l’humain. Faire vivre à l’enfant cette situation et surtout le recul essentiel qu’elle permet. L’usage oui, mais avec discernement.
On est d’accord, mais sa remarque suivante me trouble : il y a des programmes pertinents pour apprendre à lire, à compter. A-t-il des projets de soutien pour des applications, des logiciels dans les classes en maternelle, en CP ?
Ensuite il nous parle de son intérêt pour la révolution robotique et son usage pédagogique, par exemple vers les enfants autistes.
Bien sûr, il est invité à s’exprimer sur la semaine de quatre jours
Il insiste sur la liberté, le libre choix qu’il a laissé. Les communes sont si différentes ! On a desserré un carcan ! Beaucoup d’effets négatifs, mais possibilité de garder également les aspects positifs. Il a laissé le temps à la réflexion avec la possibilité d’attendre la rentrée 2018, même s’il rappelle les 37 % qui retournent à quatre jours dès 2017…
Ne sont pas évoquées ni par le ministre, ni par l’animateur les raisons de ce choix, que ce soient les contraintes budgétaires, ou tout simplement le confort des adultes…
Et rien sur l’année scolaire qui pourtant a été évoquée par le ministre dans d’autres expressions médiatiques. Un terrain peut-être trop glissant !
L’apprentissage de l’anglais dès la maternelle
Rapidement ont été évoquées des classes bilangues en primaire, mais il a plutôt insisté sur la rénovation de l’enseignement des langues qu’il a en projet (échanges de profs, d’assistants à l’international et surtout le numérique, le partenariat avec la télé, les radios…) S’inspirer des pays scandinaves.
Et le latin et le grec ?
C’était un point fondamental pour lui. Car c’est un enseignement ni désuet ni élitiste. C’est le cœur de notre langue, l’étymologie est essentielle et dès le primaire ! Ce grand retour – pas aussi important qu’il le souhaitait faute de temps (et de moyens ?) – sera adapté au 21e siècle. Pas élitiste, car c’est tirer tout le monde vers le haut et donc lutter contre les inégalités.
La DGESCO, personne aux commandes ?
N’ayez pas d’inquiétude, le nouveau directeur arrive… c’est un buzz médiatique.
Alors ce dédoublement des CP ?
Il rappelle la priorité au primaire surtout maternelle, CP et CE1.
Pour le dédoublement, il y a assez de professeurs, rassure-t-il ? Il ne parle pas des locaux.
En 2017, ce sont les CP en réseau prioritaire « renforcé » (REP+)
En 2018, ce seront tous les CP des REP.
C’est une mobilisation sur l’ensemble des CP, l’objectif est de 100 % de réussite, il faut donc attirer les professeurs expérimentés et leur donner les bons outils pédagogiques.
Les questions pédagogiques sont essentielles, aussi bien en formation initiale que continue. Il faut transmettre les récentes découvertes scientifiques. La maîtrise des fondamentaux (lire, écrire, compter) sera au cœur avec des méthodes reconnues efficaces.
Des méthodes conseillées ou… imposées ?
On peut être inquiet.
La liberté pédagogique de l’enseignant sera-t-elle repoussée au cycle 3, voire au collège ? Au même rythme que la liberté de l’enfant qui selon le ministre sera en mode croissant tout au long de son parcours scolaire !
Et que sont devenus les principes de la méthode Montessori que le ministre saluait dans cet entretien : les manipulations, les parcours très personnalisés, les classes multi-âges, le compagnonnage, l’esprit de liberté canalisé… Alors pour les faire vivre, mettre en place des CP/CE1 et mixer un petit nombre de CP (12) et de CE1(12) ! S’ajouterait plus de temps (deux années pour apprendre).
Cela existe, mais c’est encore trop rare : http://www.catchabrun.com/2017/06/une-classe-de-12-cp-de-12-ce1-c-est-possible.html
Comme le ministre aime reprendre ce qui fonctionne, pourquoi pas ?
Pour écouter la chronique « L’Invité des matins d’été » dans son intégralité :