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Education, droits de l'enfant, écologie, société...

Un plan pauvreté : être un peu moins pauvre ?

Un plan pauvreté : être un peu moins pauvre ?

Jeudi 14 septembre, Emmanuel Macron a présenté son plan dans un discours très long, ampoulé, tourné sur lui-même et sa découverte de ceux qui ne sont riens, qui n’ont rien. .

« J’ai appris tout ça de vous, à vous écouter, à vous regarder.»

« On apprend des personnes pauvres. »

Martelés tout au long du discours : un système trop complexe, trop de prestations, sortir des dépenses qui corrigent, tenir un combat de justice, la solidarité enferme dans sa condition, refuser la fatalité sociale, retrouver sa part d’activité, personne ne demande l’assistanat…

L’héritage des Lumières, la construction sociale à la sortie de la Seconde Guerre, bien sûr,  mais quelle réussite ? Ce  modèle corrige mais n’éradique pas la pauvreté.

Il justifie sans complexe son expression « premiers et derniers de cordée » : tirez la corde pour freiner les premiers ne fera pas progresser les derniers. La cordée c’est la cohésion du pays.

Veut-il faire oublier qu’il est le Président des riches ?

 

Le principal pour Macron : être en activité.

Pour permettre à tous de retrouver le chemin du travail et donc la dignité, pas d’augmentation monétaire du RSA, car chacun doit prendre sa place dans l’activité. Les allocations font oublier le retour au travail et une vie sans emploi devient une fatalité.  

Au bout d’un mois maximum, chaque nouveau bénéficiaire du RSA aura un entretien pour faire le point (compétences, besoins en formation, santé, logement). Il signera un contrat d’engagement, avec le devoir de se former et d’être suivi. Ceux qui dérogeront seront sanctionnés.

Il propose aussi de doubler les dispositifs mis en place par les territoires expérimentateurs : Territoires zéro chômeur de longue durée (ATD Quart Monde), Convergences (Emmaüs), Tapaj (emplois à la journée)…

Il annonce la création d’un service public de l’insertion pour les chômeurs de longue durée, l’État est garant des droits et de leur universalité. Avec une aide financière de l’État (sans précisions), les collectivités locales auront la charge des actions avec des sanctions financières pour les départements récalcitrants.

 

« Un pognon de dingue » plus efficace ?

Il revient inlassablement sur le système de minimas sociaux qu’il compare à un « maquis » qui ne permet pas de sortir de la pauvreté car trop complexe et peu accessible, une  « sophistication administrative qui tourne au cauchemar ».

Le retour à l’activité est le cœur de son discours avec « le devoir de chacun de faire sa part, c’est leur dignité. »

Petit à petit, il ne parle de moins en moins de travail, d’emploi, mais d’activité. Sans doute  est-il conscient du peu d’emplois en France…

Il annonce la préparation d’une loi pour 2020, un revenu universel d’activité qui fusionnera toutes les prestations avec une part d’obligations « des droits et des devoirs supplémentaires ».

Ce sera un socle minimal de dignité.

Le retour à l’activité, à l’emploi est la condition. Un contrat d’engagement réciproque sera signé avec « l'obligation d'inscription dans un parcours d'insertion avec l'impossibilité de refuser deux offres raisonnables d'emploi ».

Le terme « raisonnable » est inquiétant, très subjectif :

Trois heures de transport est-ce raisonnable ?

Trier des cartons quand on est aide-comptable, est-ce raisonnable ?

Enchaîner des temps partiels, est-ce raisonnable ?

Avoir un revenu égal ou à  peine supérieur au seuil de pauvreté (850 à 1 000 euros), est-ce raisonnable ?

Travailler et être sans domicile, est-ce raisonnable ?

... bref, l’activité  pour juste être moins pauvre !

 

 Quelques-unes de ses mesures phares

- la résorption des bidonvilles et des solutions d’hébergement, de soutien et d’accompagnement des familles…

- la réforme en profondeur des modes de garde du jeune enfant, accessibles à tous quel que soient son revenu, son lieu d’habitat avec un objectif de 30 000 places supplémentaires en crèche…

-  l’accès à la cantine pour les enfants les plus fragiles avec un déjeuner équilibré à 1 euro (certaines communes ne l’ont pas attendu et proposent nettement moins, 50 centimes à Lille par exemple)  

- le petit déjeuner dans les écoles en quartier prioritaire…

- l’obligation de formation jusqu’à 18 ans, « aucun jeune ne pourra se trouver sans solution. Il devra être soit scolarisé, soit en formation, soit en emploi », mais avec si peu d’emplois en France, quel travail ? Les stages de formation peu ou pas rémunérés ont de l’avenir !

- l’obligation pour l’aide sociale à l’enfance (ASE) à trouver un emploi et un logement pour les jeunes jusqu’à 21 ans avec en contrepartie un financement de 50 millions d'euros. Et après 21 ans, ne se retrouveront-ils pas de nouveau à la rue...

 

Macron compte beaucoup sur les autres.

 La réussite ou pas de toutes les mesures de ce Plan pauvreté seront bien sûr de la responsabilité des collectivités locales et surtout des personnes pauvres !

Un « pognon de dingue » ironise-t-il : 8 milliards répartis en quatre ans (plutôt 4 milliards avec le redéploiement des suppressions des emplois aidés, la baisse des APL, la hausse de la CSG, etc.)

Et le « pognon de dingue » offert aux grandes fortunes, entre 3,2  et 4 milliards, il a oublié !

 

Beaucoup de belles paroles, Macron en a peut-être conscience quand en fin de discours, il relativise ses annonces en précisant qu’il veut « éradiquer la grande pauvreté » et non pas la pauvreté.  

 

 

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