15 Juillet 2019
Les manuels qui correspondent aux conseils de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale ne se bousculent pas.
Dans son guide Enseigner la lecture et l’écriture au CP, il préconise : « L’élève, dans l’apprentissage, ne doit jamais être confronté au déchiffrage des graphèmes qui ne lui ont pas été enseignés (principe de déchiffrabilité) ».
Eh bien, la plupart des manuels en méthode syllabique ont des départs globaux, même si c’est peu. Ils utilisent des mots repères, de références, voire de courtes phrases…
Et peu d'entre eux tiennent compte de cette autre recommandation : « Le rythme des CGP (Correspondance graphème phonème) étudiées est suffisamment soutenu les premières semaines : un tempo de 14 ou 15 CGP étudiées pendant les neuf premières semaines ».
Les manuels possibles :
- La Méthode Boscher, (Belin) pas tout jeune 1906, mais toujours édité et utilisé, surtout par les parents.
- En riant, R. Joly, 1935 (Nathan), d’occasion seulement…
- Léo et Léa, 2009, (Belin)
- Le manuel de lecture, 2007 (Librairie des écoles)
Même Rémi et Colette, Ratus, Taoki… ne correspondent pas, départ trop global.
Selon les recommandation des scientifiques et des enseignants après une étude dans l’académie de Paris entre 2017 et 2019, on peut ajouter, car ils respectent eux aussi la démarche syllabique avec un enseignement rapide et systématique du décodage :
- Lecture piano (Retz)
- Je lis, j’écris (Les Lettres bleues)
Toujours peu de choix pour les enseignants !
Que faire des conseils du ministre pour « aider les professeurs à bien choisir leurs manuels » ?
- Soit l’enseignant tombe sous le charme et change tout, il tente alors de se procurer l'un des manuels de lecture. S’il n’a pas assez de budget, il pourra « improviser sans manuel » en construisant lui-même ses leçons, les enfants colleront des fiches sur des cahiers ou rempliront des porte-vues.
- Soit l’enseignant décide de continuer ce qui fonctionnait très bien dans sa classe (méthode mixte, naturelle…)
- Soit il n'en prend pas connaissance et rien ne change.
Mais si la hiérarchie s’en préoccupe et pour éviter que la classe de CP ne soit confiée à un enseignant favorable à la méthode syllabique, ne serait-il pas possible d’utiliser un manuel sans suivre la méthode ?
Je l’ai fait dans une classe de CP, il y avait Daniel et Valérie dans la classe, c’était une méthode mixte, mais je souhaitais que les enfants apprennent à lire à partir de leurs textes écrits (sens, analogie et combinatoire), le manuel a servi comme ressources pour ceux qui lisaient et pour le soutien individuel pour ceux qui en avaient besoin.
Là, il s’agit d’utiliser un manuel syllabique – qu’il soit déjà présent dans la classe ou qu’il vienne d’arriver – tout en continuant ce qu’on faisait précédemment.
Pour conserver sa méthode de lecture
Les manuels sont bien là dans la classe, mais ne sont pas distribués. Ils sont sur une étagère (ou une table) à la disposition des enfants, un peu comme un répertoire… ils deviennent une banque de syllabes et de mots à utiliser. L’entraide et la coopération entre pairs sont là pour que chacun puisse s’y retrouver : l’utilisation du sommaire par exemple.
Ainsi à l’initiative de l’enfant ou de l’enseignant, le manuel est un outil de révision, de consolidation, de remédiation ou tout simplement d’aide à l’écriture quand il veut rechercher ou vérifier la graphie d’une syllabe, d’un mot quand il écrit un texte.
Ainsi la méthode de lecture utilisée les années précédentes conserve toute sa place.
Parfois, le manuel ira à l’étude, à la maison si l’enfant souhaite réviser ou montrer à sa famille ce qu’il sait y lire. Seul le livre (ou le cahier) de la méthode de lecture utilisé en classe sera présent tous les soirs dans le cartable et fera l’objet de consignes de l’enseignant.
On peut procéder ainsi avec tous les autres manuels présents dans les classes, ils deviennent des outils à disposition des enfants (entraînements personnalisés, révisions, remédiations…) et non une méthode à suivre.