Quand les enfants proposent…

Souvenirs, souvenirs...

Un premier souvenir avec 24 élèves de CE1 dans une école de 15 classes où le cycle 2 était réuni dans un seul bâtiment avec sa propre cour de récréation.

Nous avions toutes les semaines un Conseil où nous réfléchissions ensemble aussi bien aux règles de vie qu’aux propositions de travail, de recherches, de sortie…

Lors de l’un d’eux, deux enfants suggèrent à la classe : « Et si on faisait une promenade en rollers dans la forêt de Sénart ». Cette proposition enthousiasme et fait consensus !

Je demande alors la parole et questionne les enfants sur leur savoir-faire en rollers. Peu de réponses positives et je leur confie que je n’en ai jamais fait à part un peu de patins à roulettes quand j’étais enfant. De plus peu ont des rollers personnellement.

Alors, nous prenons deux décisions :

1. De faire un appel aux autres classes pour nous en prêter - ce qui a très bien fonctionné. Pour ma part, je m’en suis offert une paire… que j’ai toujours.

2. De prendre le temps d’apprendre

Dans l’emploi du temps, nous dégageons une plage de 45 minutes tous les après-midis pour apprendre et s’entraîner dans la cour et sous le préau. Le principe : « Ceux qui savent aident ceux qui ne savent pas » est mis en avant comme en classe. Les progrès sont réguliers et les aidants sont de plus en plus nombreux.  

Pour renforcer ma pratique, je m’entraîne seule après les heures de classe. Puis, j’utilise ce nouveau savoir pour mes trajets scolaires matin et soir, ce qui le renforce.

Au bout de deux semaines, les progrès de tous  permettent de nous projeter et de réfléchir à l’organisation de la sortie. Pour ma part, je dois rédiger le projet pour demander l’autorisation à l’inspecteur et réserver un car à la municipalité, avec bien sûr le soutien de la directrice de l’école. Sans oublier d’informer les parents qui doivent donner leur accord pour cette sortie particulière et m’accompagner pour ceux qui le peuvent.

Pendant ce temps administratif, nous continuons les entraînements.

Quand l’autorisation positive de l’inspection arrive, c’est la joie et une date peut être arrêtée pour le car.

De nombreux parents sont partants, certains seront à pied pour accompagner les plus hésitants, d’autres en vélo pour suivre les plus rapides. Une mallette de premiers soins est prévue ainsi que de l’eau et quelques paquets de gâteaux pour reprendre des forces. Le goûter se fera au retour, les horaires du car scolaire étant stricts : la première sortie d’école étant à 16 h et la dernière (la nôtre) à 16 h 45.

Le grand jour arrive ! La météo est avec nous, il ne pleut pas.

Nous descendons du car, nous chaussons nos rollers. Les chaussures seront rangées dans le coffre du car.

C’est parti sur le sentier goudronné, chaque enfant patine à son propre rythme. Les adultes se répartissent tout au long du groupe. Pas de courses, de compétition, c’est une promenade sous les arbres.

Nous avons fixé un rendez-vous dans la forêt pour se retrouver et s’attendre : un rond point autour d’un vieil arbre protégé.

Un petit moment tranquille et reposant… Puis le car arrive, avec à son bord les enfants plus lents récupérés avec les parents qui les accompagnaient. Nous les rejoignons, quittons nos rollers et remettons nos chaussures. Tout le monde est fatigué, mais tous sont fiers de cette randonnée en forêt, adultes comme enfants.

Un second souvenir avec une classe de CM1/CM2 en EPS avec deux séances par semaine au gymnase.

La  première séance, je la prends totalement en charge avec une succession de différents cycles comme le basket, le badminton, les parcours gymniques…

Lors d’un Conseil, les enfants connaissant mon attrait pour les rollers suite au projet de promenade en forêt avec une de mes anciennes classes proposent d’organiser des ateliers pour la seconde séance au gymnase.

Trois sont  retenus : la gymnastique artistique, le « roller-danse » et le hockey en rollers.  Les deux premiers sont gérés par les enfants, préparation comprise et se terminent par un spectacle devant les autres classes. Quant au troisième, je l’anime seule dans un premier temps, puis l’oncle d’un élève, joueur de hockey professionnel propose de nous apporter ses compétences sportives.

Ces ateliers sont très sérieux, et je n’ai presque jamais à intervenir pour le comportement. De retour en classe, nous faisons le bilan de l’activité pour améliorer si besoin la séance suivante.

Ces deux pratiques montrent que les enfants ont toute capacité de projeter, d’organiser, d’apprendre, de coopérer entre eux et avec les adultes.  La part de l’enseignant est très  importante car il appuie, autorise, transmet et permet aux enfants de réaliser leur projet en toute sécurité.