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Education, droits de l'enfant, écologie, société...

Quelques pensées de Célestin Freinet sur Maria Montessori

Elles ont changé le monde : Maria Montessori

 

Une estime qui décroit

Été 1923

Au Congrès de la ligue internationale pour l’École nouvelle à Montreux, Freinet  croise Decroly, Ferrière, Claparède, Cousinet, Jung, Coué. Il rédige trois contributions sur Ferrière, mais aussi des présentations de Tagore, Decroly, Ligthart et Montessori :

« Je crois cependant que, sans être exempte de reproches, loin de là, la méthode Montessori constitue un progrès appréciable dans l’éducation. Retenons surtout qu’elle veut : "offrir le maximum de bonheur aux enfants en les élevant dans un milieu de beauté, de complète liberté et de spontanéité". »

19 avril 1925

« Mme Montessori se flatte, d’une façon parfois bien immodeste, d’avoir établi scientifiquement son matériel, d’avoir découvert cet « appareil scientifique » nécessaire et suffisant à une bonne éducation. Nous pensons qu’elle exagère. Son matériel est un énorme progrès, surtout celui qu’elle destine aux écoles maternelles. On aurait tort cependant de le considérer comme définitif. Car il n’y rien de plus dangereux qu’une méthode qui se fixe, qui se fige dans sa forme, et qu’un auteur qui tient pour intangible son système « breveté ». Ce danger devient visible lorsqu’on juge les efforts qu’a faits Mme Montessori pour étendre sa méthode à l’éducation dans les classes élémentaires. Si des idées heureuses y abondent encore, on y chercherait en vain le sens pratique qui caractérise la vraie méthode montessorienne. Et c’est seulement cette pratique que nous recherchons. »

17 janvier 1926

« Les jeux notamment imaginés par Mme Montessori sont effectivement un travail pour les enfants en ce sens qu’ils exigent une activité multiple – manuelle et intellectuelle - et qu’ils éduquent tout en amusant. Mais ces jeux ont trop souvent un caractère fictif ; le but - utile - n’en apparaît que rarement. Les russes veulent que, dès cet âge , on donne comme fin à l’activité scolaire un travail réellement utile. Il serait curieux d’étudier à fond la réalisation de cette tendance : à mon grand regret je ne puis le faire. Mais c’est certainement parce que la méthode Montessori synthétise cette éducation dans une sorte de serre chaude, quel est l’objet, dans le monde pédagogique russe, d’une impopularité notoire. L’esprit à tendance religieuse de la méthode Montessori contribue sans doute aussi à cette désaffection étonnante, qui fait parfois méconnaître la valeur pédagogique des « découvertes » de Mme Montessori. »

9 novembre 1930

« Est-ce à dire que nous devions négliger tout ce que la Montessori a apporté à la pédagogie ?

Elle a, une des premières, fait passer sur le terrain de la pratique, la nécessité de réaliser enfin une école à la mesure de l’enfant, avec l’enfant comme centre et but, par des techniques permettant aux personnalités de s’élever et de s’affirmer.

Nous avons voulu montrer seulement le danger qu’il y a aujourd’hui à suivre Mme Montessori et ses admirateurs. Quel que soit l’apport pédagogique de sa méthode, l’éducatrice italienne, intégrée au fascisme, asservie à l’Église ne peut pas servir l’éducation du peuple. Ce sont là des considérations dont nous devrons toujours tenir compte quand nous essaierons de tirer du montessorisme ce qui peut être utile à l’École prolétarienne. »

10 mars 1936

« Disons le fond de notre pensée : Mme Montessori, fasciste et catholique, à la fin de sa vie met une barrière insurmontable aux progrès humains d’une pédagogie qui méritait mieux que cette fin aux genoux de l’Église et de ses profiteurs. »

Extraits parus dans L’École Émancipée

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