La pauvreté en France pour ses enfants

​ Un état des lieux des revenus en France

En 2025, le seuil de pauvreté est fixé à 1 216 € par mois, un montant qui permet de définir les minima sociaux en France.

La France compte 5,4 millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian (il partage la population en deux groupes de même taille : une moitié a un niveau de vie supérieur, l’autre inférieur)et 9,8 millions si l’on utilise le seuil de 60 %, selon les données 2023 de l’Insee. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8,4 % et, dans le second, de 15,4 %. Quel que soit le seuil utilisé, la pauvreté augmente en France depuis le milieu des années 2000.

Des difficultés qui touchent de plein fouet et massivement les catégories de revenus les plus fragiles, mais aussi les Français dans leur ensemble : pour payer des actes médicaux, les dépenses d’énergie ou avoir une alimentation équilibrée.

Selon une étude du Secours populaire :

- Les revenus du travail ne permettent pas de faire face à l’ensemble des dépenses pour près d’un actif sur trois.

- 37% de la population ont vécu la pauvreté et 20% pensent avoir été sur le point de la vivre.  

- Les étrangers, les mères isolées et les couples avec enfants représentent une proportion croissante des personnes vivant en situation de pauvreté.

- La majorité des Français est pessimiste : les futures générations pourraient vivre la pauvreté plus fortement qu’eux.

Mais ce qui reste invisible ce sont tous ceux qui ont un revenu légèrement au dessus du seuil et qui sont en situation de pauvreté. Quant au SMIC net, il est à 1426,30 €, un peu en dessous du revenu médian qui est à 1850 €.

Certains citoyens pensent que les personnes au chômage ou avec des petits revenus sont quelque part responsables de leur situation en restant chez eux et en se satisfaisant des allocations ou du revenu minimum.  Ils oublient que même si on a un emploi, qu’on se lève tous les jours, avec des temps de transport qui parfois doublent la journée, les petits salaires sont très nombreux.

On constate également depuis quelques années, la multiplication de postes sous-payés, ce qui crée une nouvelle pauvreté : la pauvreté qui travaille !   

Comme le rythme des réformes ne ralentit pas !

Comme les forces de gauche sont éparpillées et ne réussissent plus à animer et à rassembler une opposition populaire, chacun se replie sur soi en espérant conserver le peu qu'il a... 

La pauvreté s’installe, s'étend et ronge les classes moyennes jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des pauvres et des riches. 

Qu’en est-il pour les enfants ?

La pauvreté est l'un des plus grands des empêchements à apprendre et de réussir dans le système scolaire actuel. Les enfants vivant en situation de pauvreté sont en danger humain, social, scolaire…

La France est un des pays de l'OCDE dont le poids de l'origine sociale pèse le plus dans le système scolaire.

Le plus souvent les enfants de familles pauvres ne sont pas seulement pauvres, ils sont aussi en situation irrégulière ou sans logement ou... et l’enfant cumule les empêchements à apprendre. Comment faire réussir lesenfants des familles pauvres dans ces conditions ? Quelle prise en compte de la très grande pauvreté, de la très grande précarité ?

L'École n'est pas à elle seule responsable de l'échec scolaire. Les empêchements à apprendre sont en lien direct avec le droit à la dignité de toutes les personnes.

Voici les  droits qui doivent non seulement être reconnus, mais doivent aussi pouvoir s’exercer véritablement pour chaque enfant :

- un logement décent, proche de son école, suffisamment grand pour tous les membres de sa famille, dans un bon état sanitaire.

- ne plus laisser des familles en errance dans des hébergements d’urgence.

- bénéficier d’une scolarité stable, à partir d’un habitat stable.

- un accès aux soins pour lui même et sa famille.

- un accès à une alimentation saine, à la cantine et chez lui.

- un accès à des éléments culturels qui lui permettent de construire sa propre culture dans le respect de la culture familiale, mais aussi avec les apports culturels de ses lieux de vie (école, loisirs, etc.).

- un matériel scolaire individuel simple et fonctionnel, fourni par l’établissement.

Tout enfant à droit à l’éducation, à la scolarisation, que ce soient les enfants pauvres, les enfants de parents SDF, les mineurs étrangers, « isolés », « non accompagnés » ou issus de familles en situation irrégulière, les enfants du voyage…

L’école est un service public pour tous  les publics.

Il est donc nécessaire de viser deux axes complémentaires :

- des actions sociales et de santé permettant aux enfants de vivre sereinement à l'école et d'être disponibles aux apprentissages. Les territoires doivent s’y engager sans relâche.

- une organisation pédagogique repensée pour un système éducatif qui ne trie plus et sélectionne plus les meilleurs. La pédagogie Freinet centrée sur l'humain et son émancipation est une réponse

La pédagogie Freinet en quelques mots

Elle peut se présenter selon quatre axes qui se tissent étroitement et s'éclairent les uns les autres. Elle porte à la fois des conceptions de la personne humaine et de la société ; des valeurs philosophiques, politiques et sociologiques ; des finalités pour l'éducation et des principes pédagogiques en cohérence avec ces conceptions, ces valeurs et ces finalités. Le paradigme de la pédagogie Freinet permet le développement des capacités à agir pour un monde humaniste avec des individus libres, responsables, dignes, fraternels, solidaires et coopératifs.  

1. Des conceptions 

De l'enfant, un petit d'humain et non un humain en miniature, pris dans sa globalité. Un enfant éducable, capable d'apprendre des autres et avec les autres.

De l'homme et de la femme : libre, responsable et autonome, capable de s'autodéterminer, mais aussi capable de coopérer avec les autres, tout à la fois égaux et différents.

De la société construite par tous et pour tous. Une société harmonieuse et respectueuse de la dignité et des droits de tous et de chacun de ses membres.  

2. Des valeurs

À la fois philosophiques, politiques et sociologiques, ce sont celles de la République « Liberté, Égalité, Fraternité » reliées avec la laïcité, la solidarité, le respect, la justice, la paix, la compréhension, la dignité… des « valeurs humanistes », car elles définissent le type d'humanité que nous voulons réaliser.  

3. Des finalités pour l’éducation

Conduire l'enfant vers l’adulte qu’il sera : un citoyen capable de comprendre le monde dans sa complexité, de prendre sa place dans la société, d’agir à son tour sur elle et de se sentir partie prenante de l’humanité.

Établir d’autres modes de relation entre les personnes, l’environnement, les connaissances et les cultures.

4. Des principes pédagogiques,

Les enseignants Freinet ont cette ambition de créer (ou de transformer) le milieu éducatif pour que l’enfant devienne auteur de ses travaux, de ses recherches, de ses processus d’apprentissages… La créativité est essentielle, elle permet à l’enfant de découvrir (les mathématiques, la culture, le monde, les lois…) et de produire (des textes, des œuvres artistiques, des techniques, des règles…).

 - Le tâtonnement expérimental : l'enfant est, par nature, expérimentateur, il procède spontanément par tâtonnement qui évolue par essais-erreurs vers des formes plus élaborées. Un certain nombre de connaissances « scolaires » peuvent être acquises suivant le même processus « naturel » que celui qui permet à l’enfant d’apprendre à se tenir debout, à marcher, à parler, etc. Avec cette Méthode naturelle, les enfants sont des créateurs de connaissances.

- Le travail individualisé : l’individualisation des apprentissages prend appui sur la globalité de la personne, sur la vie du groupe et sur les activités de recherche, de communication, d’expression, etc. Individualisation et socialisation sont ainsi en interaction étroite.

- L’expression et la communication

En combinant expression et communication, Célestin Freinet avait sans doute fixé la trame de la vie scolaire et de la vie tout court.

Les activités d'expression de l'enfant trouvent leur place dans toute la vie de la classe et motivent les apprentissages : au cours des entretiens du matin, à l'occasion de l'écriture de textes libres, lors des activités d'expression artistique ou corporelle.

Les activités de communication (correspondances, journaux, vidéos, blogs, réseaux sociaux…) permettent à l'enfant de redonner au langage oral et écrit sa fonction première et de prendre en compte l'autre en nouant des liens valorisants. 

L’organisation coopérative de la classe permet d’articuler, de mettre en place les activités collectives et individuelles d’apprentissage et de gérer la vie de la classe. Elle est également garante des valeurs, des conceptions, et des finalités de la pédagogie Freinet.

C'est cet ensemble complexe qui fait la pédagogie Freinet. ​