Les vacances d’automne sont terminées, les enfants sont retournés à l’école.
Quelques jours avant, Jean-Michel Blanquer précise les mesures pour les établissements scolaires, avec un protocole sanitaire renforcé « autant que possible »… lors d’une conférence de presse : port du masque dès 6 ans ; arrivées et départs des établissements « autant que possible étalés dans le temps » ; circulation des élèves dans les bâtiments et dans la classe avec des « déplacements limités au maximum » ; récréations organisées par groupes avec un « respect maximum » des gestes barrières ; maintien de la restauration scolaire « en veillant à espacer chaque élève d’un mètre autant que possible ». Il faudra aussi aérer les classes, les couloirs… très souvent ; désinfecter le matériel, veiller aux lavages des mains et à la distanciation physique partout et tout le temps.
Ainsi, dans la classe peu ou pas de circulation, chacun reste à sa place masqué. Le travail individuel est distribué par le professeur également masqué. Le cours magistral en position frontale reprend toute sa place et la pédagogie coopérative reste à la porte de l’école.
On peut donc s’inquiéter pour l’avenir des pratiques coopératives mises en œuvre dans de nombreuses classes ?
- Que devient l’abandon au moins partiel de la pratique magistrale qui permet l’organisation de l’apprentissage, de la vie de la classe en coopération avec les élèves ?
- Que devient le rejet de la compétition au profit de la coopération qui implique l’exercice de la fraternité, de la solidarité, de l’entraide et du partage des savoirs et d’expériences ? Maintenant, le travail d’entraînement se fait seul, isolé. Chacun a son manuel, sa fiche, sa tablette. Seul le professeur peut intervenir.
- Que devient le faire ensemble, le travailler ensemble, l’apprendre ensemble, le projeter ensemble, le réaliser ensemble, le produire ensemble ?
- Que devient l’organisation du travail personnel à partager avec le professeur (prise en compte du temps et de l’espace disponibles, des résultats individuels, des ressources de la classe, de la maison, de l’établissement…) ?
- Que devient le travail individuel en relation avec les autres qui permet les réciprocités de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être, de techniques, d’expériences… et de reconnaissance ?
- Que devient la mutualisation où chacun participe pour entretenir, initier, compléter… construire un commun de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être : une culture commune ?
- Que devient la participation des enfants dans la classe, dans l’établissement à tous les sujets qui les concernent (donner son avis, mais aussi proposer et décider coopérativement pour améliorer la vie collective et les apprentissages de chacun) ?
- Que deviennent les lieux institutionnels d’organisation et de gestion (Conseil d’enfants, d’élèves dans la classe, dans l’établissement…) ?
- Que devient l’ouverture sur l’extérieur, l’agrandissement du réseau coopératif : de la classe à l’établissement, au territoire, à d’autres régions, à d’autres pays… ?
Bien sûr les enseignants expérimentés, convaincus sauront adapter les consignes sanitaires avec la pédagogie qu’ils pratiquent, ils continueront à échanger, à mutualiser lors de réunions pédagogiques régulières, mais les autres ?