28 Avril 2018
Tout ce que préconise Jean-Michel Blanquer aujourd'hui était déjà pensé l'été dernier. Mais qui s'en était préoccupé ?
Tout l’été, le ministre de l’Éducation nationale avait nourri l’opinion publique avec un nombre impressionnant d’entretiens, d’émissions… Ces présentations avaient su résonner sur ce que chacun a connu dans son enfance et qu’il embellit, une école qui savait apprendre à lire, à écrire et à compter avec des méthodes de déchiffrage, de répétition… allant du plus simple au plus complexe. Il a ainsi flatté le conservatisme en jouant sur la nostalgie.
L’opinion n’avait pas perçu que ces « innovations » avaient été, pour beaucoup, récupérées dans les armoires des réformes de l’Éducation nationale. Pour la plupart, elles avaient été déjà expérimentées, puis abandonnées pour être reprises dans ces mesures, avec bien sûr des actualisations. Quant à ce qui a été supprimé pour « ne garder que ce qui marche », ce serait juste à la « lumière des sciences » – version déclarative –, car il n’y a pas eu d’évaluation des dispositifs concernés.
Monsieur Blanquer avait su jouer aussi sur la lassitude des enseignants avec des réformes imposées et sur l’intérêt particulier des adultes, la semaine scolaire par exemple.
Il y a eu aussi les suppressions implicites comme celle des cycles...
Mais les objectifs libéraux de Blanquer sont tellement plus sournois à percevoir ! L'’individualisation, l'élitisme, les évaluations, les orientations et les parcours séparés, la responsabilité de chaque élève et surtout de sa famille, l’externalisation de l’aide (soutien, orthophonie, pédopsychiatre…), le recrutement des professeurs, la reconnaissance des écoles privées… sont les plus lisibles. Des objectifs qui peuvent effectivement satisfaire des citoyens, notamment certains politiques…
Et ses préconisations sur l'apprentissage de la lecture étaient prévues !
Voir mon billet écrit fin août : Une méthode de lecture peut cacher un projet politique
Depuis l'été, Jean-Michel Blanquer n'a pas arrêté de communiquer et ainsi de surfer sur l'opinion. Tous les médias l'ont accueilli et l'ont bien aidé !
Pour la lecture, il attendait juste le bon moment pour flatter de nouveau les parents et l'opinion publique et ainsi faire paraître les enseignants et leurs syndicats comme des personnes peu soucieuses de ce qui est bon et efficace pour les enfants puisque ce qu'il propose est « fondé sur l'état de la recherche ».
Et ce n'est pas fini !
C'est un joueur d'échec ! Chaque coup est calculé...
Qui sera de taille pour le mettre "Échec et mat" ?