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Education, droits de l'enfant, écologie, société...

De Freinet à l’ICEM d’aujourd’hui

Comment le mouvement Freinet a-t-il évolué ?

 Au sortir de la Seconde guerre mondiale, Célestin Freinet appelle à reprendre les combats politiques et pédagogiques. Mais l’Éducation nouvelle perd peu à peu de sa force, chaque organisation se recroqueville sur elle-même et protège ses propres actions d’une possible concurrence. Le souhait de Freinet  de voir un grand mouvement populaire d’éducation se construire,  s’éloigne…

C’est dans ce contexte qu’est créée l’association ICEM (Institut Coopératif de l’École Moderne) en 1947. Freinet choisit l’expression « école moderne » de Francisco Ferrer et non « école nouvelle » pour éviter toute équivoque avec la conception intellectualiste, scolastique et verbale de l’éducation nouvelle et se différencier des « méthodes nouvelles », « méthodes actives » parfois reprises par l’institution et qui pour lui empêchent le vrai progrès pédagogique. Au-delà des partis et des syndicats, l’association rassemble des instituteurs et des institutrices décidés à trouver des solutions aux problèmes et difficultés rencontrées par les enfants des couches populaires à l’école, difficultés liées directement aux effets du capitalisme sur leur vie. Plus que les groupements officiels d’Éducation nouvelle qui s’appuient trop sur des expériences réalisées en milieu bourgeois, avec parfois des moyens financiers extraordinaires, le mouvement Freinet est soucieux de rechercher dans quelle mesure et par quels moyens une pédagogie peut obtenir des résultats dans les milieux populaires.

Une « Charte d’unité du mouvement » est adoptée en avril 1950 pendant le Congrès de Nancy.

Freinet reste persuadé de l’importance de l’international et de la mutualisation de pratiques qu’il permet. Les congrès ont toujours eu une dimension internationale.

En 1957 est créée la FIMEM (Fédération internationale des mouvements de l’École moderne) au Congrès de Nantes.

En 1965, Freinet semble de plus en plus fatigué et déçu, néanmoins il développe un grand nombre d’idées et de projets, notamment vers les parents. Freinet très malade ne participe pas au Congrès de Perpignan en avril 1966. Il décède le 8 octobre.

 

Le mouvement Freinet continue sa route

La « Charte de l’école moderne » est adoptée à l’unanimité au Congrès de Pau en 1968, elle est toujours la référence de l’ICEM en 2018.

Les  ministres se suivent et comme le rappelle Élise Freinet en 1969 : « le Ministère de l'Education nationale est toujours enfoncé dans le même immobilisme et donne le change par des vœux pieux qu'il laisse à d'autres le soin de réaliser. »

En 1984, sous le ministère d’Alain Savary – qui sait rompre avec l’immobilisme de ses prédécesseurs et reconnaît les mouvements pédagogiques –, l’ICEM est agréée comme association complémentaire de l’enseignement public.

Et aujourd’hui ?

L’ICEM poursuit ses objectifs éducatifs dans l’enseignement public aussi bien dans les écoles de village, de villes, de quartiers populaires, voire « prioritaires ».

Les militants du mouvement Freinet prennent toujours en considération ce qu’est l’enfant, ce qu’il vit et ce qu’il fait hors de l’école, dans son quartier, dans son village et dans sa famille. Ce fameux « regard global ».

Le mouvement Freinet est bien vivant : trois milliers d’enseignantes et d’enseignants, des dizaines de milliers d’enfants peuvent en témoigner chaque jour. C’est encore trop peu et la pédagogie Freinet est loin d’irradier les écoles, mais de jeunes enseignants le rejoignent chaque année.

Certes, les réformes successives ont intégré quelques techniques dans les programmes : écriture de textes, journaux scolaires, correspondances, voyages échanges, moments de parole… mais sans les principes émancipateurs.

Sans doute que le projet de Freinet qui articule pratique pédagogique et engagement social est trop révolutionnaire : la construction d’un homme et d’une femme qui ne peuvent se satisfaire d’une société asservissante et qui prennent les manettes de leur destinée économique, sociale, culturelle... Un projet éducatif guère compatible avec ce que souhaitent les tenants des pouvoirs économique et politique.

L’ICEM met toujours en lumière l’indispensable articulation entre le « aujourd’hui pédagogique » et les « lendemains politiques ».

Les interrogations de Freinet, ses tâtonnements, ses ambitions, éclairent encore le mouvement sur son sens politique. Le social reste une boussole, le collectif aussi. En ce sens, le mouvement Freinet est certainement d’une plus grande modernité que les exploits individualistes de certains individus relayés par les médias ou les ouvertures de petites structures privées éducatives !

La pédagogie, le mouvement Freinet ne la pense pas isolé, il ne la déconnecte pas du monde et de l’environnement des élèves, des familles et des enseignants et éducateurs. L’ICEM fait tout pour construire un mouvement populaire de transformation de l’école et de la société.

 

Comprendre le mouvement Freinet

 

C’est à la fois : des conceptions de la personne humaine et de la société, des valeurs philosophiques, politiques et sociologiques ; des principes pédagogiques en cohérence avec ces conceptions et ces valeurs ; des finalités qui visent le développement des capacités à agir pour un monde humaniste avec des individus libres, responsables, dignes, fraternels, solidaires et coopératifs.

Ses éducateurs, enseignants, formateurs, chercheurs ont comme finalité de créer ou de transformer le milieu éducatif pour que l’enfant, l’adolescent, le jeune se vivent comme auteurs de leurs travaux, de leurs recherches, de leurs processus d’apprentissage, de leur orientation…

Ils sont plus de 3 000 à militer dans les groupes départementaux et régionaux, à travailler dans les secteurs et chantiers  (groupes de réflexion, de recherche, de production d’outils et d’ouvrages…) de l’ICEM-Pédagogie Freinet. Sans oublier les nombreux sympathisants qui explorent, expérimentent les principes pédagogiques pour les faire vivre aux enfants.

 

Des principes pédagogiques…  
Le tâtonnement expérimental

Dans son environnement naturel, l’enfant est, par nature, expérimentateur. Il procède spontanément par un tâtonnement qui évolue depuis une forme primaire par essais-erreurs au hasard vers des formes supérieures plus élaborées et que Célestin Freinet désignait globalement par le « tâtonnement expérimental » et qui est à la base de la Méthode naturelle.

La Méthode naturelle

Un des fondements de la pédagogie Freinet est qu’un certain nombre de connaissances « scolaires » peuvent être acquises suivant le même processus « naturel » que celui qui permet à l’enfant d’apprendre à se tenir debout, à marcher, à parler, etc. Ce processus « naturel » s’appuie sur le « torrent de vie », cet élan vital qui rend l’enfant curieux, chercheur et expérimentateur ; ses réussites l’enthousiasment et cette jubilation le pousse encore plus loin.

La Méthode naturelle suit donc la loi du tâtonnement expérimental. Avec elle, les enfants sont des créateurs de connaissances, ils n’attendent pas les leçons de l’adulte pour produire des savoirs.

La libre expression

Elle permet d’exprimer sentiments, émotions, impressions, réflexions, doutes… avec de multiples supports : parole, écriture, musique, peinture, théâtre, etc.

Elle se réalise :

– au cours des entretiens du matin où chacun fait partager au groupe ses expériences, questionnements et découvertes hors de l’école ;

– à l’occasion de l’écriture de textes libres ;

– lors des situations d’expression artistique ou corporelle ;

– lors d’activités de recherche documentaire, des exposés ou des conférences ;

– dans le cadre de l’organisation coopérative de la classe.

La créativité

Elle est essentielle et permet à chaque individu de découvrir (les mathématiques, les cultures, le monde, les lois…) et de produire (des textes, des œuvres artistiques, des techniques, des règles…).

La communication  

Complément indispensable à la libre expression, elle permet :

– de redonner au langage oral et écrit sa fonction fondamentale ;

– de prendre en compte l’autre en nouant des liens valorisants.

La correspondance scolaire (nationale et internationale)

Elle crée des liens entre les classes à un niveau collectif et individuel, grâce à différents supports (papier, vidéo, Internet…)

Le journal scolaire

Il permet des liens authentiques entre l’élève et son environnement. Il est le vecteur de l’expression de l’enfant, de l’adolescent et du groupe (textes libres, dessins, recherches, débats…).

C’est un outil de valorisation, d’ouverture, mais aussi de médiation entre le professeur et l’élève.

Les outils numériques

Ils permettent :

– une communication planétaire (accès à des bases de données internationales, utilisation de messageries, correspondance internationale, réseaux sociaux) ;

– d’accéder à des encyclopédies, des ouvrages, des images…

– la création de sites et de blogs.

Leur utilisation nécessite une gestion, une régulation citoyenne et coopérative pour assurer la sécurité, émettre des doutes, vérifier les informations…

L’organisation coopérative

Que ce soit celle de la classe, de l’établissement, de l’espace éducatif, elle permet de relier, d’articuler, de projeter, de gérer, de réguler…  et elle est le cadre de la mise en application des principes pédagogiques.

 

… et une dynamique pour changer l’Éducation

 

L’ICEM-Pédagogie Freinet s’investit :

– dans la recherche pédagogique avec ses différents secteurs de travail (Mathématiques, Français, Étude du milieu, Maternelle, Second degré, Formation, Droits de l’enfant…) ;

– dans la formation, qu’elle soit institutionnelle (ESPÉ, Universités, Sciences de l’éducation…), locale avec les groupes départementaux ou régionaux (co-formation, mutualisation, compagnonnage…), nationale (congrès internationaux, fédération de stages, salons des apprentissages…) ou lors de rencontres des partenaires de l’éducation ;

– dans la conception d’outils d’apprentissage, d’ouvrages pédagogiques, de revues documentaires et d’activités pour les enfants, adolescents, jeunes et adultes utilisables dans différents lieux éducatifs qu’ils soient scolaires ou associatifs ;

–  dans la diffusion d’ouvrages, de textes, de films… qu’ils soient actuels ou historiques ;

– dans l’organisation des rencontres nationales : congrès internationaux, journées d’étude, fédération de stages.

 

L’ICEM-Pédagogie Freinet participe :

– à différents collectifs pour réfléchir, produire, proposer en vue d’améliorer le système éducatif et également peser sur les différents projets institutionnels. L’ICEM fait entendre sa voix et résiste pour dénoncer une politique éducative qui va à l’encontre de l’intérêt des enfants (Livret numérique, retour au BA-BA, liberté pédagogique...) ;

– à des associations et des réseaux qui œuvrent pour la défense des droits humains et de l’enfant ;

– aux différentes rencontres organisées par les partenaires éducatifs ou l’Éducation nationale ;

– aux instances éducatives telles le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) ou le Conseil national de l’innovation et de la réussite éducative ;

– aux différentes auditions initiées par des commissions parlementaires.

 

Le mouvement Freinet est bien vivant et continue malgré le contexte difficile à faire vivre la pédagogie Freinet de la maternelle à l’université dans tous les lieux éducatifs que fréquentent les enfants, les adolescents et les jeunes.

 

Merci à Mehdi Drici de l'ICEM 77 pour l'image !

 

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